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coronement, s’en ala Challes à Es la Chapele ; là celebra la sollempnité de la Nativité, et cele de Resurrection en la cité de Rouan.[1]Apelez fu par son propre non Challes ; mais après fu apelez Charlemaines, par la raison de ses merveilleuz faiz, car Challemaines, si vaut autant come granz Challes.

[2]La province d’Aquitaine, qui en la partie Challemaine estoit venue, ne pot demorer en pais pour aucuns remananz de la guerre qui devant i ot esté, que li rois Pepins n’avoit pas encores bien achevée au jor que il trespassa, car li dux Hunauz[3], qui beoit à avoir le roiaume, esmut les plus granz et les plus puissanz homes de la terre[4], à commencier novele guerre contre le noviau roi, et li rois assembla ses oz et mut contre lui moult efforciement. Mais avant que il meust, manda son frere le roi Karlemanne au parlement[5] et li requist que il li aidast. Aidier ne li vot pour ce que si baron li desloerent[6] ; en son roiaume demora et cil ostoia contre ses anemis tot droit vers la cité d’Angolesme. Le duc Hunaut chaça et s’en failli petit que il

  1. Cette dernière phrase est de l’auteur des Grandes Chroniques.
  2. Annales d’Éginhard, année 769.
  3. Cet Hunald, que les Annales d’Éginhard appellent seulement Hunoldus quidam, est différent de Hunald, fils d’Eudes et père de Waïfre (voir Histoire du Languedoc, nouv. édit., t. I, p. 814, n. 4, ou Liber Pontificalis, éd. Duchesne, t. I, p. 456, n. 7).
  4. Éginhard dit : « Provincialium animos ad nova molienda concitavit. »
  5. Éginhard fait connaître l’endroit où eut lieu cette entrevue : in loco qui Duasdives vocatur. On ignore où est cette localité. Cf. Pertz, Monumenta Germaniæ historica, Scriptores, t. I, p. 147, n. 42.
  6. Li desloerent, lui déconseillèrent.