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Desier[1], le roi de Pavie que li rois avoit chacié en essil ; ensi cuidoit venchier son pere par son mari ; et pour ce que il savoit bien que il ne souffisoit pas à guerroier à si puissant home, il fist aliances à une maniere de genz qui sont apelé Hum. Li rois mut contre lui à granz oz[2], mais li dux vint à li à merci quant il vit que il ne porroit durer ; tiex hostages livra come li rois devisa, entre les autres un sien fil qui avoit nom Theodones[3]. Là jura li dux que jamais contre li ne seroit pour chose que nus dire li seust. En tel maniere fu cele guerre fenie briement que l’on cuidoit qui trop longuement deust durer. Li rois manda le duc en poi de temps après, ne puis ne le lessa arriers retorner. Cele duchée de Baiviere ne fu puis tenue par dux, ainz fu governée par contes. Avant que li rois retornast de cele voie, mist-il bones et devises[4], par le cors d’une iaue, entre les Baiviers et les Alemanz[5].

[6]La vii btaille que il emprist, si fu vers les Escla-

  1. Cette fille de Didier, roi des Lombards, était Liutberge, sœur de Désirée, première femme de Charlemagne, qu’il répudia après un an de mariage (Vita Karoli Magni, chap. xviii).
  2. Cette expédition eut lieu en 787 (Annales d’Éginhard).
  3. Theodonem (Éginhard).
  4. Bones et devises, bornes et séparations.
  5. « Post hæc, Carolus ad Reganesburc (Ratisbonne) venit, ibique marcas et fines Bajoariorum disposuit » (Annales Mettenses, dans Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. V, p. 346). Ce serait plutôt d’après ce passage qu’aurait été ajoutée cette dernière phrase que, d’après la mention de Sigebert de Gembloux (année 789), citée par Paulin Paris, Grandes Chroniques, t. II, p. 66, n. 2, « Karolus Coloniæ super Rhenum pontes duos construxit et muniit ».
  6. Vita Karoli Magni, chap. xii. Cf. Annales d’Éginhard, année 789.