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abbaye de Bénédictins et changea le nom de Mülinheim en celui de Seligenstadt. Ce fut dans cette retraite qu’il chercha souvent le calme et le repos au milieu des troubles qui agitaient l’empire[1], et qu’après sa mort, survenue le 14 mars 840, il fut enseveli auprès de sa chère Imma morte déjà depuis 836.

Si tous les critiques sont d’accord pour classer la Vita Karoli d’Éginhard parmi les œuvres les plus remarquables de la renaissance carolingienne, l’accord cesse d’exister au sujet de la date à laquelle elle fut composée. L’écrivit-il peu de temps après la mort de Charlemagne, vers 815 ou 816, et avant 820, comme le prétend A. Teulet[2], ou vers l’année 830, plutôt même après qu’avant cette date, comme le dit L. Halphen[3] ? Nous croyons qu’il serait téméraire, au moins maintenant, de chercher à être précis. Il la composa certainement après le décès de Charlemagne, et comme elle est mentionnée dans une lettre de Loup de Ferrières écrite

  1. Marguerite Bondois, dans la Translation des saints Marcellin et Pierre, p. 82 à 112, montre qu’Éginhard ne se retira pas complètement après 830. On voit par ses lettres qu’il restait encore en relations avec la cour où il jouissait toujours d’un grand crédit. Cf. Teulet, Œuvres complètes d’Éginhard, t. I, p. xviii et xix.
  2. Œuvres complètes d’Éginhard, t. I, p. xliv.
  3. Études critiques sur l’histoire de Charlemagne, p. 103. L’opinion de l’Histoire littéraire de la France, t. IV, p. 555, se rapprocherait de celle de M. L. Halphen, mais avec hésitation : « On ignore le temps précis auquel Éginhard composa cet ouvrage. Il semble toutefois qu’il n’y avoit que peu d’années qu’il étoit sorti de ses mains lorsqu’il tomba entre celles de Loup de Ferrières, qui étoit encore jeune et étudiant à Fulde vers l’an 834 ou 835. »