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contrée de Narbone qui est apelée Nice. Après arriverent et entrerent en Sardagne ; à cels du païs se combatirent, mès i furent desconfit et chacié et s’enfuirent à grant domache de lor gent.

Incidence. — Michiaus, li empereres de Costantinoble, se combati en ce tens contre un pople qui sont apelé Bulgre. Et pour ce que fortune li fu contraire en cele bataille et que il n’ot pas victoire de ses anemis, il se desespera ; puis que il fu retornez en Costantinoble, l’empire lessa et devint moines. Après lui reçut la dignité de l’empire Leons, qui fu fiuz Barde la patrice[1].

Incidence. — Après ces choses, avint que Crumas, li rois de Bulgrie, monta en trop grant orguel pour ce que il avoit occis ii anz devant Nicephore, l’empereor de Costantinoble, et l’emperere Michiel qui après fu desconfit et chacié de Messie. Pour ce mena son ost devant la cité de Costantinoble et mist ses tentes devant les portes. Un jor chevauchoit par delez les murs de la cité plus folement et plus desporveuement que mestiers ne li fust. Quant li empereres Leons aperçut sa folie, il sali hors soudainement[2]. En ce poigneiz fut li rois Crumas griement navrez et s’enfui arriers en son païs, il et toz ses oz[3].

  1. Léon, gouverneur d’Anatolie, fils du patrice Bardas, ayant été proclamé empereur par ses soldats le 10 juillet 813, Michel embrassa la vie monastique, ainsi que toute sa famille.
  2. Le royal ms. 16 G VI, fol. 148 vo, du Brit. Mus. ajoute en note : « Et ycellui Crumauz asprement assailli. »
  3. Crume, blessé dans un guet-apens que lui avait dressé Léon, se retira en ravageant tout le pays autour de Constantinople.