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et mist garnison en ses chastiaus. Ses messages envoia à l’empereor et li manda que il voloit estre soz li et en sa segnorie, il et les soues choses ; et pour ceste chose requist-il parlement aus genz l’empereor qui en ces parties gardoient les marches d’Espagne, et promist aus messages l’empereor, qui pour ceste besoigne meesmes orent esté à li envoié, que il feroit ce que il avoit promis à ce parlement. Pris fu li parlemenz, mès la besoigne ne fu pas menée à fin pour moult de raisons dont l’estoire ne parole pas.

En ce tens, fu eclipse de lune, en la viie kalende de jenvier[1].

[2]Li Mor d’Espagne assemblerent navie ; ou roiaume de Sardagne arriverent premierement et puis en l’isle de Corse, presque toute la pristrent et gasterent pour ce que il n’i troverent ausi come nul defendeor.

Pepins, li ainnez des fiuz l’empereor, qui rois estoit de Lombardie, assist la cité de Venise par mer et par terre, et ce fist-il par le conseil d’aucuns des plus granz de la cité meesmes. La cité et toutes les apartenances prist et reçut en sa seigneurie[3]. Après, con-

  1. Le 7 des calendes de janvier correspond au 26 décembre 809. D’après la chronologie des éclipses, elle aurait eu lieu le 25 décembre, à sept heures du soir.
  2. Annales d’Éginhard, année 810.
  3. D’après la Chronique d’André Dandolo, Pépin aurait au contraire échoué et aurait été obligé de se retirer après avoir subi des pertes considérables (Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. XII, col. 158 ; cf. Regesta imperii, éd. Mühlbacher, t. I, p. 179).