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LA NOUVELLE ÉQUIPE

cette fois, on aurait remis l’affaire dans six mois. Autant régler tout de suite notre vieille querelle avec la Prusse.

Jeanne frémit. Il lui semblait s’enfoncer un peu plus dans la désespérante certitude.

En ce moment une bande de jeunes gens passait près d’eux en criant : « À Berlin ». Immédiatement le cri fut repris et multiplié.

— Les esprits sont déjà en guerre, dit Maurice. Comment pourrions-nous, à présent, éviter la catastrophe.

— Oui, murmura Jeanne, Paris accepte la guerre.

Comme ils arrivaient devant la Maison Commune de la rue de Bretagne, ils purent voir deux individus emmenés par les agents au commissariat. On leur expliqua que les deux hommes en étaient venus aux mains parce que l’un d’eux avait qualifié l’autre de « sale prussien ».

— C’est la troisième fois depuis dix heures du matin que je suis témoin de cette scène, expliquait le gérant de la Maison Commune.

La grande salle du rez-de-chaussée était pleine de monde. Des groupes, assis autour des tables, discutaient avec passion. Il y avait des gens de tous les milieux, politiques, ouvriers, intellectuels.

— Moi, déclarait un sceptique, au moment où Maurice et Jeanne pénétraient dans la salle, je ne crois pas à la guerre. Alors, on peut tout de même bien partir. Cela nous fera une petite promenade hygiénique.

— Et si on ne revient pas ?

— Alors, mon vieux, c’est que les Allemands l’auront voulu. Dans ce cas, en route jusqu’à Berlin.

— C’est une promenade qui ne me déplairait pas, dit un autre.

Cependant on avait aperçu les nouveaux arrivants. De nombreuses voix les saluèrent.