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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Vous me disiez bien que vous ne partiez que jeudi n’est-ce pas ?

— Oui, répondit Maurice, visiblement ennuyé.

— Cela me surprend. En cas de mobilisation les officiers de réserve sont toujours appelés immédiatement. Et jeudi sera déjà le cinquième jour.

Jeanne qui sentait la gêne de son mari, prit sur elle d’intervenir.

— Il peut y avoir des exceptions, je crois, dit-elle.

— Il faut qu’il y ait, alors, demande de l’intéressé, répondit le général.

— C’est précisément mon cas, fit observer Maurice sans vouloir s’expliquer.

Jeanne regarda son mari, ne comprenant pas, et le général n’insista point. Ce fut encore Pierre qui revint à la charge.

— Alors, papa, tu vas faire la guerre aussi, toi ?

Le général se chargea de répondre :

— Mais certainement Pierrot, et ton oncle Léon aussi.

— Mais papa n’est pas général, ni mon oncle Léon non plus. Je croyais que c’était seulement les soldats qui faisaient la guerre.

— Mais voyons, Pierre, dès qu’il s’agit de défendre le pays, tous les hommes sont soldats. Si tu avais dix ans de plus, toi aussi tu défendrais la France.

— Oh ! je voudrais bien la défendre si j’étais un homme, dit l’enfant, amusé de cette perspective.

— Je l’espère bien, mon petit. Mais va, tu auras aussi l’occasion de la servir un jour.

Jeanne et Maurice échangèrent un douloureux regard.

— On sert son pays de bien des manières, dit doucement Mme Delmas. À l’âge de Pierre on le sert en faisant de bonnes études.

— Oh ! je travaille bien au lycée. N’est-ce pas, papa ?