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LA NOUVELLE ÉQUIPE

même phrase était répétée : « La Mobilisation n’est pas la guerre ».

Cependant les deux frères étaient arrivés rue Montmartre. Aux bureaux de l’Humanité ils demandèrent Pierre Renaudel. On leur répondit qu’il était absent.

— Jean Rémy est là, leur dit un journaliste qui les connaissait.

Un instant après ils étaient introduits dans le bureau de Jean Rémy qui pour le moment remplissait les fonctions de secrétaire de rédaction. C’était un vieux socialiste, admirateur fervent de Jaurès. La mort du chef du Parti l’avait absolument terrassé. Il ne pouvait arracher sa pensée du drame auquel il avait assisté la veille.

Les poignées de mains échangées, ce fut inévitablement le sujet de la conversation entre les trois hommes.

— Les funérailles auront lieu dans le Tarn, expliquait Rémy. Il n’y aura rien d’officiel à Paris. Seulement quelques discours à la maison mortuaire.

— J’aurais cru, dit Léon, que les funérailles de Jaurès auraient au contraire permis une belle manifestation contre la guerre.

— Y songez-vous ? En pleine mobilisation ! Mais dès à présent toute manifestation est interdite.

Enfin, on aborda la grande question.

— Croyez-vous Rémy, demanda Maurice, que l’Allemagne déclarera la guerre ?

— Je n’ai pas d’opinion.

— Mais les socialistes allemands, voyons, ils vont bien agir. Que sait-on d’eux ?

— Rien de positif.

— Et la C. G. T. ?

— La C. G. T. est plus calme qu’on ne l’aurait cru. Jouhaux a été appelé au Ministère de l’Intérieur cet après-midi, m’a-t-on téléphoné tout à l’heure.

— Pourquoi ?