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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Henriette pleurait. Alexandre Didier, crispé, continuait sa songerie intérieure.

Ce fut l’aïeule qui délivra les âmes. Doucement Mme Delmas avait arrangé la pauvre tête sur l’oreiller, et mis sur le front du mort le baiser de paix. Alors, infiniment triste et belle sous ses cheveux blancs, elle étendit la main.

— Ne demande pas pardon, ma fille, dit-elle. Il n’y a pas ici de coupable. Nous sommes tous des victimes, lui comme nous. C’est tout le passé de violence et de nuit qui est retombé sur lui, ce n’est pas le geste de Pierre. Le geste de Pierre, c’est l’avénement de l’amour, c’est la conscience s’affirmant dans la clarté des jours nouveaux, c’est la délivrance du monde.

Jeanne, redressée vers sa mère, sentait l’apaisement descendre en elle avec les bienfaisantes paroles.

Mme Delmas dit encore :

— Le geste de Pierre, ce sont les hommes réconciliés et s’étreignant dans la lumière. Ma fille, relève-toi, et sois calme, car c’est vers la lumière qu’il faut à présent tourner nos regards.

Pissy-Poville (Seine-Inférieure).

Juillet-Septembre 1930.