Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/388

Cette page a été validée par deux contributeurs.
382
LA NOUVELLE ÉQUIPE

Éliane était absente. Elle avait emmené en promenade Rolf et sa fille.

Henriette avait bondi au téléphone pour appeler le docteur. Quand ce fut fait elle revint près de sa mère.

— Le docteur est chez lui, il vient tout de suite.

— Il va nous aider à le transporter, dit Jeanne.

Julien Lenormand se désolait de ne pouvoir apporter secours. Il ne comprenait qu’imparfaitement ce qui se passait.

— Il est inutile de lui révéler la vérité, avait dit Henriette aux deux femmes. Il ne pouvait pas savoir, le malheureux.

Une heure après, le docteur quittait la villa. Le général était étendu sur le lit, de la glace autour de la tête. Il haletait toujours, mais avec moins de violence. Ses yeux étaient ouverts, mais fixes.

— C’est de la congestion cérébrale, avait dit le docteur. Il est perdu. Mais il peut rester dans cet état vingt-quatre heures, deux jours peut-être.

— Il est réellement perdu, docteur, demanda Henriette ?

— Oui, mademoiselle, à son âge, on ne se relève pas d’une pareille attaque.

Lorsqu’Alexandre Didier arriva le soir, il trouva la maison dans un funèbre bouleversement. Dans la chambre où était mort Maurice, le général Delmas vivait ses dernières heures, si toutefois il était possible de dire qu’il vivait encore. Près de lui, Jeanne était assise dans une attitude de désespoir. Farouche, Henriette était accoudée sur le pied du lit et regardait le pauvre visage violacé dans lequel les lèvres s’agitaient convulsivement, cherchant l’air. Seule entre elles deux Mme Delmas était calme. Debout à la tête du lit, elle renouvelait la glace, essuyait le front, mouillait d’eau fraîche les pauvres lèvres. Elle paraissait impassible ; mais parfois elle soupirait profondément.