capitales d’une manchette : « Le petit-fils d’un général en Conseil de Guerre ».
Et il lut la terrible nouvelle : la condamnation à un an de prison de Pierre Bournef pour refus de service militaire.
L’information se terminait par ces lignes :
« Pierre Bournef, qui avait passé avec succès, en juillet, le concours de l’agrégation, est le fils de Maurice Bournef, ancien normalien et professeur d’histoire aujourd’hui décédé, et petit-fils du général Delmas, l’une de nos gloires coloniales, qui avait repris du service lors de la dernière guerre. »
Par deux fois, le général lut les lignes révélatrices. Puis il poussa un cri déchirant :
— Qu’avez-vous, demanda l’aveugle ?
Mais le général s’affaissait, et, du fauteuil qu’il occupait, glissait à terre.
Au bruit de la chute, l’aveugle avait gagné la porte.
— Venez, venez vite, criait-il, le général se trouve mal !
Henriette, qui était dans le cabinet de travail, accourut. Elle vit son grand-père étendu par terre, la face congestionnée, la gorge haletante. Près de lui le fatal numéro de L’Intransigeant lui révéla ce qui s’était passé.
— Mon Dieu, cria-t-elle, pourquoi l’ai-je abandonné ?
Elle qui justement avait pensé que les histoires de l’aveugle allaient au moins l’occuper pendant deux ou trois heures, et que c’était autant de gagné.
À son tour, Jeanne arrivait avec sa mère.
— Vite, un médecin, tout de suite, cria la malheureuse femme.
— Il faut transporter papa sur un lit, et aller chercher de la glace, dit Jeanne.