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LA NOUVELLE ÉQUIPE

les hivers. Nous irons à Ville-d’Avray au printemps.

Mais le général s’était entêté. Il allait bien, il se sentait guéri. Il voulait aller à Paris. À bout d’arguments, Mme Delmas dut céder, bouleversée. Elle savait, par Jeanne tous les détails du procès. Elle avait fait bonne garde autour des journaux, pendant les quelques jours où ils avaient parlé de l’affaire. Elle croyait tout sauvé, et voilà que tout était peut-être perdu ! Le 28 décembre au matin, elle prenait le rapide de Paris avec son mari, après avoir longuement télégraphié à Jeanne.

On devine le désarroi qu’une telle nouvelle pouvait apporter dans la maison de Ville-d’Avray. Jeanne était consternée. Henriette s’arma de sang-froid et dit à tous :

— Il n’y a qu’un mot d’ordre, mentir. Pierre est à Nancy. Il n’a pas de congé. On s’arrangera pour éviter tout contact de grand-père avec des visiteurs, s’il en vient. Grand-père ne restera pas ici plus d’une semaine. C’est une semaine à tenir dans le mensonge.

— Vous êtes admirable, déclara Didier qui était maintenant commensal de la maison.

L’inspection faite dans toutes les pièces assura que pas un papier, pas un journal ne traînaient. On convint d’écarter le plus possible du général les deux enfants, trop âgés pour n’avoir pas su en grande partie la vérité au sujet de Pierre, et trop jeunes pour qu’on pût leur demander quelque adresse dans la conduite qu’il faudrait tenir autour du vieillard. D’ailleurs le général ne connaissait pas Rolf. On le lui présenterait comme un hôte de passage. Mais la prudence exigeait que la fillette et le jeune garçon soient tenus hors la présence du général.

— Et moi, avait dit la jeune fille, j’accaparerai grand-père tout le temps.

Le sang-froid d’Henriette s’était communiqué à tous.