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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Les yeux bleus d’Hélène rayonnaient de joie.

— Parce qu’il est l’expression même de la vie, dit elle, et nous pourrions répéter avec l’Évangéliste « il est la lumière des hommes, et les hommes ne l’ont point comprise. »

Devant les yeux d’Henriette, une vision rapide passa, celle d’Émile Pagnanon leur disant adieu à la portière d’un wagon de troisième classe.

— Les temps viennent où ils comprendront, conclut-elle, mais la route sera semée de victimes.

— Qu’importe, dit Pierre, pourvu qu’elle ait conduit l’humanité vers le bonheur.


III


Pierre ne s’était pas trompé. Il fut, comme Jacques Salèze, condamné à une année d’emprisonnement.

Il passa en jugement le 23 décembre. On avait voulu expédier l’affaire avant les fêtes de fin d’année.

Le tribunal se montra très rigoureux quant à l’audition des témoins. Pourtant, il ne pouvait pas refuser d’entendre les dépositions de plusieurs membres éminents de l’Université, qui avaient été des professeurs de Pierre, et dont l’un d’eux siégeait à la Ligue des Droits de l’Homme. Les juges durent entendre, pendant plus de deux heures, les témoignages les plus éloquents, en faveur des droits de la conscience et de la liberté morale des individus.

Mais les témoignages les plus émouvants furent ceux de Jeanne et de Louise Bournef. La veuve de Léon avait tenu à s’associer à sa belle-sœur dans ce qu’elle appelait « la reconnaissance de ceux qui n’avaient pas voulu oublier ».

Les deux mères, vêtues de noir comme à l’ordinaire, firent impression, non seulement parce que l’une