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LA NOUVELLE ÉQUIPE

qu’ils ne recommencent pas. Je vous jure qu’ils n’auront pas mon Robert.

— Et d’autres avec lui, Bourdeau, dit Alexandre Didier en frappant sur l’épaule du vieux militant. Il y a tout de même quelque chose de changé depuis 1914. Si le pacte de Paris a flétri la guerre devant le droit, voyez-vous, c’est qu’on a compris que les consciences l’avaient condamnée. Lorsqu’on est journellement pris par la lutte, il est difficile de mesurer exactement le chemin parcouru, mais je crois que la conscience humaine a pris connaissance de sa force, du moins chez une fraction d’individus suffisante pour montrer la voie aux autres.

— Avec l’Équipe pour prendre le commandement, fit Bourdeau, redevenu jovial.

Debout près de Pierre, Hélène posa sa main sur le bras du jeune homme.

— Et Pierre Bournef pour éclairer la route, dit-elle.

Toute sa tendresse était dans sa voix. Doucement, Pierre l’attira dans ses bras.

— Non, chère Hélène, dit-il. Ce n’est pas Pierre Bournef qui éclairera la route. Ce sera l’amour.

— Bravo, cria Didier. Pierre vous rend des points, Hélène ; mais tout le mérite vous en revient. Il a profité de vos leçons.

Les yeux humides, Jeanne s’approcha de la jeune fille, et l’embrassa.

— Hélène a raison, dit-elle. Il faut affirmer hautement les droits de l’amour. Devant l’affolement de 1914, Maurice me disait : Si on écoutait l’amour, la guerre ne serait pas possible, mais on a peur de lui. Eh bien il faut faire entendre sa voix, aujourd’hui, afin qu’elle domine les paroles qui blessent et les mots qui trompent. Il faut qu’on ne le considère plus comme une faiblesse, mais comme la plus grande des forces de la vie.