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LA NOUVELLE ÉQUIPE

qu’on l’ait condamné. Qui vous dit qu’il n’adviendra pas, pour lui, ce qui advint, l’an dernier, pour votre neveu Roger ?

— Ne t’illusionne pas, Didier. Le cas n’est pas le même. Roger s’est rendu à l’appel. Sa rébellion devenait une atteinte à la discipline intérieure qu’on pouvait étouffer dans le silence, ce qui eût été exact si tu n’avais mené ta campagne avec la revue. Il n’en sera pas de même pour moi. D’abord, je ne me rendrai pas à l’appel.

— Tu veux donc qu’on vienne t’arrêter, demanda Jeanne ?

— J’essayerai d’éviter cela, mère. Je voudrais qu’il n’y eût point de bruit dans la presse autour de mon arrestation, à cause surtout de grand-père, dont je respecte les idées, quoiqu’il en pense. Je compte donc agir ainsi : retourner ma convocation au ministre, le prévenir de mon refus, et lui dire que je me tiens à la disposition de la justice militaire. Je serai sans doute convoqué à l’instruction, et j’espère que devant les raisons que je lui donnerai, le juge me mettra en état d’arrestation.

Il avait expliqué cela posément, comme s’il se fut agi de dispositions sans importance. Mais à chacune de ses paroles, Jeanne sentait la douleur s’enfoncer en elle.

— Et quand penses-tu renvoyer ta convocation, demanda Didier ?

— Le lendemain du jugement de Salèze. Je ne voudrais pas que mon cas risquât d’aggraver le sien.

— Je comprends.

— J’ai donc raison de dire que dans un mois je ne serai plus ici.

À nouveau, Jeanne frissonna. Didier voulut protester.