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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Elle avait dit tout cela d’une voix tranquille et douce, où, malgré elle, montait lentement comme un aveu de tendresse. Lui, l’écoutait, incapable de l’interrompre ; mais heureux, heureux infiniment. Il se souvenait des paroles de Didier : « elle t’aime ; laisse-la lire en ton cœur. » Oui, elle l’aimait, c’était vrai ; et elle avait su lire en lui, malgré qu’il eut obstinément fermé son cœur devant elle. Du moins, il le croyait.

Elle s’était tue. Il dit seulement, très bas :

— Chère, chère Henriette !

Elle répondit :

— Cher Jean, si vous saviez comme je suis fière de vous aimer.

Alors, il se détendit, et des larmes montèrent à ses yeux, mouillèrent ses joues.

— Ah ! dit-il, votre douceur est la plus forte, puis qu’elle a pu trouver le chemin de ma sensibilité.

— Qui n’est pas tellement difficile à trouver.

— Pour vous, non, je le reconnais.

Leurs mains s’étreignaient. Elle dit encore : « Cher Jean ! » Alors, lui, dans un élan :

— Il y a si longtemps que je vous aime, moi.

Elle se recueillit, perdue en une vision douloureuse.

— Voyez-vous, Jean, quand votre main serrait la mienne, devant l’agonie de mon père, je sentais déjà que cette main serait celle à qui je confierais ma vie. Nous avons juré tous les deux à mon père de lutter contre la guerre. Voici déjà trois années que nous avons commencé la lutte, nous continuerons à tenir notre promesse, n’est-ce pas ?

— Oui, dit-il.

Le soir de ce même jour, Alexandre Didier monta chez les Bournef. Il trouva Jeanne entre ses quatre enfants. Il n’eut pas besoin de confidences. L’attitude et le regard de Jean et d’Henriette le fixèrent tout de suite.