Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/343

Cette page a été validée par deux contributeurs.
337
LA NOUVELLE ÉQUIPE

Grandjean devait se marier au début de l’hiver, et cet appartement des Bournef se trouvait libre à point pour le jeune ménage. Ainsi, avait dit Grandjean, il ne perdrait point ses fidèles, et le Comité de la Nouvelle Équipe pourrait toujours s’y réunir.

Elle allait se trouver quelque peu désorganisée, l’Équipe, par le départ de Pierre et de Jean. Mais Alexandre Didier était plus résolu que jamais à poursuivre l’action commencée. Grandjean lui était attaché. Albert Lautier se montrait plus actif. Et puis les deux jeunes filles et Jeanne étaient fidèles. Tout irait bien.

Jean se trouvait donc seul dans le cabinet de travail lorsqu’Henriette vint le rejoindre.

Un moment ils causèrent de quelques points de détail concernant la revue, puis Henriette demanda :

— Eh bien, êtes-vous décidé à accompagner Didier dans la Charente ?

— Ma foi, oui. Je m’y suis résolu. Cela occupera mes vacances. Je suis comme notre ami, j’ai besoin d’activité.

— C’est vrai, dit-elle, vous êtes un réalisateur, vous, je l’ai toujours dit.

Il ne répondit pas.

— Pensez-vous rester longtemps ? demanda-t-elle.

— Deux mois peut-être. On ne fera guère d’action positive qu’en septembre. Nous ne rentrerons sans doute pas avant la mi-octobre.

Elle dit :

— L’heure sera proche du départ de Pierre.

— Et du mien, ajouta-t-il.

— C’est vrai, vous aussi partirez.

Le visage du jeune homme s’était soudainement fait très dur. Farouche, il dit brusquement :

— Mais ce ne sera pas pour une noble cause.

Elle tressaillit. Elle avait compris. Il y avait longtemps qu’elle avait appris à déchiffrer cette âme rebelle.