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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Alors, elle n’hésita plus. Elle rouvrit les yeux, regarda Pierre, puis, comme l’année précédente, elle répondit :

— Oui, mon fils, je te donne mon consentement.

Mais une grande douleur était en elle. Pierre le sentait.

— Merci, mère, dit-il. Mais je voudrais que vous ne soyez pas tristes ; avec votre amour et votre amitié, je ne serai pas malheureux. J’aurai toute la force.

Didier voulut faire diversion.

— Et puis, ajouta-t-il, pour cette fois encore l’Équipe sera là. Pierre ne sera pas seul.

— Je le sais, Didier.

— Voyez-vous, poursuivit Alexandre, je m’étais toujours un peu douté de cela. Mais j’ai confiance. Nous sommes à présent à un tournant du chemin, et nous ne pouvons pas apercevoir ce que nous cache le coude de la route. Pour moi, j’ai l’intime conviction que ce sont les larges horizons de la paix.

— Le ciel est pourtant bien noir encore, dit Jeanne.

— Chère Madame, le calme n’est jamais aussi près que lorsque l’orage touche à son paroxysme, et c’est lorsqu’il atteint le terme extrême de la fièvre que le malade est à la veille de la convalescence. Et moi je vous dis que jamais nous n’avons eu autant de raisons d’avoir confiance en l’harmonie du monde. La paix, maintenant, est entrée dans le domaine moral, et c’est là seulement qu’elle peut trouver des assises solides. La guerre est condamnée. Elle ne l’est pas seulement par le pacte du 27 août ; elle l’est par les consciences, et les paroles d’Einstein l’expriment admirablement. Tous ceux qui pensent, savent bien aujourd’hui que les raisons qu’on lui oppose encore sont de misérables raisons. Assurément le militarisme se débat, résiste, et notre lutte n’est pas terminée, car le monstre est pourvu de terribles défenses. Mais ce qui fait notre