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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Le savant physicien allemand, Albert Einstein, avait, en effet, répondu publiquement à une question qui lui avait été faite sur l’attitude qu’il prendrait en cas de guerre, par cette déclaration que la presse allemande d’abord, la presse française ensuite, avaient répétée et commentée :

En cas de guerre, je refuserais tout service militaire, direct ou indirect, et je m’efforcerais de persuader à mes amis d’en faire autant, sans tenir compte des droits et des torts quant à l’origine du conflit.

— Cette déclaration là, disait Didier, c’est exactement comme le pacte Briand-Kellog ; c’est une force morale qu’il s’agit de ne pas laisser dormir dans les colonnes des journaux d’information.

Comme il convient, le numéro de juillet de La Nouvelle Équipe la présentait à la méditation de ses lecteurs, avec un très bon article de Didier exposant la thèse de la résistance individuelle à la guerre, et faisant de la conscience humaine le suprême refuge de la paix.

— Je pose des jalons pour l’affaire Salèze, avait-il dit.

— Sans compter, avait répondu Tissier, que ce pourrait être pour nous la formule même de notre action. Tous les individus ne sont pas capables d’accepter de passer leur vie en prison, pour affirmer leur pacifisme ; mais tous les hommes qui se sont dressés contre la guerre peuvent prendre l’engagement formulé par Einstein.

— Ton idée est excellente, Tissier, nous en reparlerons.

— Oui, quand le concours sera terminé.

Vers la fin du mois, les deux amis eurent enfin la joie du succès. Jean ne s’était pas trompé en disant que son père y trouverait un élément d’apaisement pour ses habituelles rancœurs. Toute la famille en