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LA NOUVELLE ÉQUIPE

d’idées et de combat. Pierre Bournef et Jean Tissier, depuis janvier, n’y collaboraient plus guère, absorbés par leur travail personnel, ayant à préparer leur agrégation ; Jean, surtout, tenait à réussir à cause, disait-il, de son père.

— Je lui dois cela, tu comprends, avait-il dit à Pierre. Ce sera pour lui un peu comme une revanche, lorsqu’il pourra dire : « Mon fils, agrégé de philosophie »…

— Mais, cher ami, avait doucement répondu Pierre, j’ai les mêmes motifs que toi pour vouloir réussir. Je sais que mon père en aurait été heureux. Il ne pourra pas le dire, mais c’est une raison de plus pour que je me fasse un devoir de réaliser ce qui eut été son plus vif désir.

À la première réunion de mai, la discussion s’établit sur la question du service militaire obligatoire. Michel Grandjean demandait qu’on mît à l’étude un projet de motion réclamant la suppression de l’obligation militaire.

Il exposait ses idées :

— Il y a déjà plusieurs années que la question a été posée en d’autres pays. Il faut la reprendre et lui donner de l’ampleur ; à présent que la signature du pacte Kellog a consacré définitivement la mise hors la loi de la guerre, l’obligation du service militaire ne se justifie plus.

— Si elle s’est jamais justifiée, interrompit Henri Renoir.

— Permettez. En ce moment, ce ne sont pas nos idées que j’expose. Je me place au point de vue général. La conscription militaire obligatoire a pu paraître juste quand il était admis que la guerre était un moyen légal de combat et de défense. La guerre acceptée par tous, mettait les nations dans l’obligation de s’armer ; et la conscription de tous les hommes valides se justi-