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LA NOUVELLE ÉQUIPE

campagne pour le pacte Briand-Kellog et avait eu un grand retentissement. Celui de novembre porta sur « Le Service Civil Volontaire », résumant d’abord les résultats obtenus au Lichtenstein, et posant le principe du service civil en opposition avec le service militaire ; enfin, le numéro de décembre fut consacré aux Normaliens en général et au cas de Roger Bournef en particulier.

— Je veux obliger la presse à s’occuper de lui, avait déclaré Alexandre. Il faut que son acte soit connu et discuté. On veut étouffer l’affaire dans le silence, c’est entendu, mais nous sommes là.

Il fallut évidemment bien que la presse prenne position lorsque la petite revue de l’Équipe, qui avait à présent un public sympathique, eut jeté le cas Bournef dans l’actualité. La presse nationaliste ne lui accorda cependant que de petites notes dédaigneuses, de courts articles tendant à discréditer le jeune homme et à présenter son acte comme n’ayant aucune valeur. « C’est un demi fou », déclara même une feuille à deux sous.

— Voilà le danger, dit Henriette. Souvenons-nous de Pagnanon.

— Ne craignez rien, chère Henriette, fit Didier. L’Équipe est là, cette fois. Et puis, il y a des chances que votre tante ne laisserait pas enfermer son fils dans un cabanon.

— Ils peuvent toujours essayer, dit Louise.

Néanmoins, Didier avait réuni tous les documents et témoignages qu’il avait pu trouver en faveur de Roger Bournef : ses notes à l’École, son agrégation brillamment passée ; il avait rappelé ses articles de la revue, les deux mois donnés au Service Civil, témoignage de courage et de foi humaine. Et dans le numéro de janvier, il argumentait de tout cela pour établir la pleine responsabilité du jeune homme dans le refus qu’il opposait à ses chefs.