Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/317

Cette page a été validée par deux contributeurs.
311
LA NOUVELLE ÉQUIPE

été frappés de la justesse de ce raisonnement et l’avaient accepté.

— Voilà, à mon avis, le fond même de la pétition. Son but doit être simplement la transformation de la préparation obligatoire en préparation facultative. Cela n’a l’air de rien, et c’est beaucoup. Toutes les fois où l’on élargit les barrières de la liberté, on fait avancer le progrès.

La pétition avait donc été rédigée dans le sens et avec l’esprit indiqués par Didier. Dès qu’elle fut connue, ce fut un beau tumulte parmi les officiels de la plume et du journalisme. C’était le pavé dans la mare, l’obligation pour certains de montrer le fond du sac et de livrer leur pensée secrète. Les Normaliens furent voués à toutes les gémonies par tout ce que la presse, l’Université et le public contenaient de gens bien pensants. Mais il va sans dire que le ministre de l’Instruction Publique repoussa la pétition. Un ministre qui tient à son portefeuille ne prend jamais de pareilles initiatives.

Cependant, fidèle à sa promesse, Roger Bournef dès son arrivée au régiment, avait refusé son incorporation aux E. O. R. Ses réponses ayant irrité les chefs, il était maintenant en prison. Sa mère le soutenait dans sa résistance. Elle n’était nullement effrayée. Son fils ne lui avait-il pas dit souvent : « Je vengerai mon père ». Il ne pouvait pas le venger plus noblement. Pour la première fois depuis la mort de Léon, Louise Bournef sentait se desserrer l’étau qui encerclait sa poitrine.

— Il est probable qu’il sera traduit devant un Conseil de Guerre, avait dit Alexandre.

— Tant mieux, avait répondu Louise. J’irai lui porter mon témoignage. Les discours ne sont pas mon fait, mais je vous jure que ce jour là je saurai quoi dire.

Les numéros de la Nouvelle Équipe étaient doublés depuis l’automne. Le numéro d’octobre avait mené