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LA NOUVELLE ÉQUIPE

nais un peu, peut-être. Pourquoi ne serais-tu pas tout à fait le frère de Pierre ?

— Didier, ne dis pas de pareilles choses, cria Jean.

— Pourquoi ?

— Si tu te trompais…

Jean Tissier comprit qu’il venait de se vendre. Il se tut brusquement. À nouveau, Didier l’attira vers lui.

— Cher ami, aie confiance en ma discrétion. Je ne me trompe point. Laisse Henriette lire dans ton cœur. Elle ne se tait que parce que tu restes fermé devant elle.

Puis, gaiement :

— Eh bien, cela nous fera deux mariages à bénir, à la Nouvelle Équipe. Je prononcerai les discours.

— Tu vas vite.

— Mais non. Cela se fera l’année prochaine, quand vous aurez décroché vos diplômes. Tu vois que je vous donne le temps.

Cette fois, Jean sourit.

— Heureusement que personne ne nous a entendus, dit-il.

— Eh quoi, nous n’avons dit que d’excellentes choses. Vous vous aimez, mariez-vous. Ainsi soit-il. Cela fera deux billets de faire part à envoyer à ton oncle en échange du sien. La Paix contre la Guerre, tout simplement, et la majorité du côté de la Paix.

— Tu es bien gai, aujourd’hui ?

— Dame, la signature du pacte Briand-Kellog, la joie de vos mutuelles tendresses, tout cela m’a mis le cœur en fête.

— Tant mieux, mon vieux Didier.

Mais le regard d’Alexandre Didier s’était soudain embrumé, démentant ses paroles. Ses lèvres s’étaient brusquement crispées. Alors, dans un grand besoin de n’être pas seul à porter sa douleur, il cria la souffrance qui l’étreignait.