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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Utile, évidemment c’est contestable. La question capitale serait de savoir exactement dans quelle mesure nous sommes liés à la Russie ; et c’est cela que nous ignorons.

— Père, ne trouvez-vous pas inadmissible que les peuples soient tenus dans l’ignorance d’une chose qui les intéresse si directement ?

— Oh ! il y a déjà longtemps qu’on a signalé le danger de la diplomatie secrète.

Cette journée du 31 juillet s’écoula dans la fièvre. On dîna sans entrain. Puis, les enfants gagnèrent leurs chambres.

— Viens donc te reposer aussi, Maman, dit Henriette en embrassant sa mère.

— Oui, ma fille, je vais monter tout de suite.

— Écoutez, père, dit Jeanne quand la fillette eut quitté la salle à manger, si personne n’est rentré demain, je retourne à Ville-d’Avray avec les enfants.

— Si vous retournez, Jeanne, nous retournerons ensemble, ajouta la femme de Léon.

— Vous avez raison, conclut le père ; mais je vous conseille, ce soir, d’aller vous reposer ! Rien ne sert de s’énerver en des conjectures que l’esprit ne peut éclaircir…

Les deux femmes ont regagné leurs chambres. Mais toutes deux sont trop inquiètes pour trouver le sommeil. Étendue près du lit où sa fille dort paisiblement, Jeanne compte les heures qui coulent.

— Deux heures ! murmura-t-elle, comme les deux coups s’égrènent dans la nuit.

Tout à coup le grincement de la grille la met sur pied. Des pas font crier le sable de l’allée. D’un bond Jeanne est à la fenêtre.

— C’est toi, Maurice ?

— C’est nous, répond la voix de Léon.