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LA NOUVELLE ÉQUIPE

premiers âges, vous le savez, étaient de très pauvres gens.

— Ils ont été admirables, chère Madame. Ils se sont trompés, c’est humain. Du moins que leur exemple nous apprenne que pour servir vraiment la paix et l’humanité, il ne faut pas se mettre dans la dépendance des partis politiques.

— Il faut pourtant bien une administration politique, remarqua Tissier.

— Il en faut une. Mais qu’elle se contente d’administrer le temporel. Le spirituel n’est pas son fait. Le spirituel relève de la conscience, il appartient aux consciences, à toutes les consciences, sans distinctions de caste, pourvu que ce soient des consciences libres. S’il est une chose qui doit être considéré comme le patrimoine spirituel de l’humanité toute entière, c’est la conscience ; et s’il est une richesse qui appartienne en propre à chaque individu, c’est sa vie. Que l’administration politique nous fasse payer des impôts pour l’entretien des routes et pour bâtir des hôpitaux, je l’admets fort bien. Mais qu’elle ne touche ni à la liberté morale, ni à la vie des individus.

— Monsieur Didier, dit Jeanne, vous exprimez-là les pensées qui étaient devenues celles de mon mari en ses dernières années. Que de fois il m’en a entretenue.

— Il les avait puisées à la même source que moi, Madame Bournef.

Jeanne soupira. Quatre ans bientôt avaient passé sur la mort de Maurice, mais sa douleur était aussi sensible qu’au premier jour.

— Pourtant, fit remarquer Pierre, ce sont les hommes politiques qui sont en train d’élaborer ce pacte ; et ce seront des puissances politiques qui seront invitées à l’approuver et le signer.

— C’est précisément là qu’est le danger. Ce pacte, s’il est signé, il faudra nous en emparer pour en faire