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LA NOUVELLE ÉQUIPE

mées par la suppression de l’armée, mais elles perdront leur intensité. Les grands maîtres de la finance, n’ayant plus l’appui des chancelleries, ni celui des hommes d’État, seront dans l’obligation d’apporter dans leurs affaires un peu plus de loyauté, peut-être. En tout cas, leurs rivalités ne pourront plus s’affronter dans le sang des champs de batailles.

Quant à nos hommes politiques, lorsqu’ils ne sentiront plus derrière eux cette force passive qu’est l’armée, il ne leur sera plus possible de jouer avec la vie des peuples. Ils trouveront alors le moyen d’arranger les affaires de la nation par des voies moins brutales. Sous quelqu’angle qu’on examine la question, nous arrivons toujours à cette conclusion : le désarmement seul assurera la paix.

Michel Grandjean ayant terminé, une voix s’éleva pour demander :

— Ne pourrait-on pas d’abord, et préalablement au désarmement, réclamer l’arbitrage obligatoire ?

Ce fut Didier qui répondit :

— Ce serait renvoyer le désarmement aux calendes. Il en est de l’arbitrage obligatoire comme de la diplomatie secrète. Il suivra le désarmement ; mais ne le précèdera pas. Soyez tranquilles, quand les armées auront disparu, l’institution nécessaire s’organisera d’elle-même.

— Mais la sécurité.

— Quelle sécurité estimez-vous supérieure au désarmement ? La guerre n’est possible que par l’armée. Pour qu’une guerre puisse se réaliser il faut cette formidable organisation militaire où tout est, à l’avance, prévu et ordonné, cadres et effectifs, fortifications, plans d’attaque et de défense, espionnage, maniement des armes. Il faut cette despotique discipline qui transforme l’individu, lui interdit de penser, pour en faire