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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Otto Steinitz, en ces derniers mois, avait, lui aussi, été fait prisonnier.

Alexandre resta donc. Il avait écrit à ses parents. Il avait instruit son père, autant qu’il l’avait pu, des idées nouvelles qui lui étaient venues. Le père Didier, heureux en somme que son fils lui eut été conservé, et toujours rempli d’admiration pour lui, n’avait pas demandé mieux que de se ranger à ses conclusions. Quand il apprit pourquoi son Alexandre ne rentrait pas, il déclara à sa femme :

— Il est sublime, ce garçon là.

Au reste il avait l’esprit tranquille, puisque Alexandre se déclarait en très bonne santé, et dans un milieu excellent.

On sait combien fut lente la réintégration des prisonniers allemands. L’été arriva avant Otto Steinitz. Quand celui-ci se présenta, il était bien fatigué.

— Allons, déclara Didier, je ferai encore la moisson cette année.

Un soir de juillet, il était assis dehors près de Frida. Ils avaient causé de son prochain départ ; et tous deux, à présent, se taisaient.

— Frida, dit-il tout à coup, si vous le voulez, je ne partirai pas.

Puis, comme elle l’interrogeait :

— Je serai le père de votre fils, et j’aiderai votre père à relever son domaine.

Elle ne répondit pas tout de suite. Puis enfin elle parla.

— Non, dit-elle. Je vous ai bien compris. Vous savez que mon amitié vous est acquise. Moi je sais que vous êtes bon. Mais ce que vous demandez ne peut être.

— Pourquoi ?

— Il y a trop de choses, voyez-vous, trop de choses entre nous.