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LA NOUVELLE ÉQUIPE

-lisation n’est pas la guerre. Eh bien, c’est faux : la mobilisation, c’est la guerre… C’est la guerre décidée par les chefs et acceptée par le peuple. L’appel aux armes bouleverse les esprits. On ne sait plus… on ne sait plus rien…

Malgré son assurance, le malade était à bout de forces, et parlait difficilement.

— Et puis, ajouta-t-il, réfléchissez encore à ceci : l’exemple doit venir d’en haut. Ceux qui savent mieux ont le devoir… le devoir de résister.

— Père, dit Pierre, ne parle plus. Nous te comprenons. Nous résisterons, crois-le. Nous donnerons l’exemple.

Maurice dit encore :

— Et puis, soyez unis, soyez forts… et puis, ne demandez pas conseil… Votre conscience, votre conscience seulement…

Visiblement, le malade perdait ses dernières forces.

— Monsieur Bournef, cria Jean, nous vous en faisons le serment, notre vie appartiendra à la lutte contre la guerre.

Henriette saisit la main de Jean et répéta :

— Nous te le jurons, père…

Maurice sourit douloureusement. Puis, épuisant ce qui lui restait d’énergie, il dit :

— La guerre… c’est l’armée…

Ce fut sa dernière pensée. Et son front pesa sur le bras de Jeanne. Debout l’un près de l’autre Henriette et Jean terrifiés, contemplaient le martyr. Sur l’épaule de Pierre, Hélène sanglotait.

Maurice, cependant, rouvrit les yeux.

— Jeanne ! soupira-t-il.

— Maurice, je suis là…

Il dit faiblement.

— Oui, ne me quitte pas…