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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Voudriez-vous, en quittant mon frère, faire un crochet jusqu’à Grenoble, et tâcher de vous informer près de la famille d’Émile, et s’il le faut près des autorités. Nous ne pouvons pas l’abandonner ainsi.

— C’est bien ma pensée.

— J’ai compté sur vous, Jean, et je constate que j’ai eu raison. Vous voudrez bien me permettre de vous offrir mes économies pour ce déplacement. Je sais bien que vous ne pouvez faire supporter ces dépenses à votre famille.

— J’accepte, chère Henriette. Entre vous et moi c’est un pacte fraternel. Je vous promets de tout faire pour vous apporter des éclaircissements, et je reste à votre disposition pour toutes démarches ultérieures. Je me dois de le faire, pour vous d’abord qui le demandez à mon amitié, pour Pierre ensuite qui, en d’autres conditions, eût voulu tout tenter pour sauver ce pauvre garçon.

Jean fut absent six jours. Pendant son absence, Jeanne reçut une lettre de Marie Guerrier l’informant que, dans les premiers jours de juin, Émile Pagnanon avait été transféré à la maison d’aliénés de Perray-Vaucluse.

— Mon Dieu, s’écria-t-elle, comment cela s’est-il fait.

— C’était à redouter, dit Maurice. Je gagerais qu’il a été arrêté le 1er mai. Il a dû faire connaître ses opinions. On l’a pris pour un fou.

En rentrant, Jean confirma les appréhensions de Maurice. À Grenoble il avait vainement tenté de voir la tante d’Émile. Mais le hasard lui avait fait rencontrer un jeune professeur qui possédait quelques relations à la préfecture. On y avait été avisé que le nommé Émile Pagnanon, ancien instituteur, originaire de l’Isère, avait été arrêté le 1er mai, à Paris, au cours d’une bagarre. Après une détention d’un mois, on avait constaté chez lui des symptômes d’aliénation mentale, et on