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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Ma pauvre maman, attendons.

Il n’était que trop vrai que le malheureux Converset était perdu. Cependant, pour essayer de prolonger ses jours, les médecins l’envoyèrent dans le Midi, conseillant le séjour des Pyrénées Orientales, dans la région où Pierre devait passer l’été. Par quelques lignes tremblées, ce fut lui-même qui l’annonça à Maurice, avant de partir. Pour éviter toute secousse à son ami, il exprimait sa conviction d’une guérison rapide sous le ciel Pyrénéen et Méditerranéen.

— Sais-tu, dit Maurice à Jeanne, dès que tu seras en vacances, nous irons nous aussi rejoindre Pierre.

— C’est bien ma pensée, mon ami ; si toutefois le docteur est d’accord avec nous.

— Naturellement… Ce cher Converset, vois-tu, s’est fatigué cet hiver avec son livre. Il lui a donné bien du travail.

— Oui. Et il ne faut pas oublier que la guerre l’a durement éprouvé. Il était malade des bronches quand il a été fait prisonnier. On se croit guéri ; mais avec ces organes-là on n’est jamais sûr de rien.

Maurice eut un soupir.

— Mais si, ma pauvre amie, on est bien sûr d’une chose. Seulement on ne l’avoue pas.

Jeanne pâlit. Mais par un effort de volonté, elle domina sa souffrance.

— Chère Jeanne, reprit doucement le malade, il y a des vérités qu’il faut savoir regarder en face. Et tu sais bien que le jour approche où nous devrons nous dire adieu.

— Maurice !

— Je n’ai jamais voulu t’en parler. Mais il faut cependant que nous n’essayions plus de nous tromper mutuellement. Je décline. Je le vois bien. Et je ne veux pas partir sans vous confier mes dernières pensées, à toi et à nos enfants.