La mort, alors, ne sera plus. Elle ne sera plus si l’homme ne revient pas, avec de lourds canons, troubler le silence des bois paisibles. »
« Le gazon vert tapisse maintenant les creux des trous d’obus, et les enfants y viennent chercher des nids pour jouer et dormir. Petits enfants, vous ne savez pas comment se sont faits ces nids là. Puissiez-vous ne jamais le savoir… »
— Il est poète, ce garçon-là, dit Maurice à la lecture de cette lettre.
Mais huit jours encore passèrent sans nouvelles, après quoi une lettre, datée du 16, arriva de Péronne. Le jeune homme y annonçait son désir de retour, avouant franchement sa lassitude :
« Je ne regrette pas cette tentative, disait-il ; mais je suis obligé de reconnaître qu’il est difficile d’aider les hommes malgré eux. Il faut la volonté des hommes pour réaliser l’harmonie du monde… »
Jeanne s’empressa de répondre à cette lettre :
« Revenez vite, disait-elle, l’épreuve a été suffisante. Vous êtes un grand cœur, et nous vous aimons. Venez vous reposer près de nous… »
Quelques jours après, par quelques lignes brèves expédiées d’Albert, Émile Pagnanon annonçait qu’il reprenait la direction de Paris, toujours à pied, désireux de rendre service encore, s’il en trouvait l’occasion. Il ajoutait une description navrante de la campagne qu’il traversait :
« Les combats ici furent terribles. L’arme blanche y a fait des amoncellements de cadavres.
« Partout les traces de cette lutte se rencontrent. Boîtes à grenades, douilles d’obus, cartouches, bidons, quarts, vieilles bottes, tout cela entassé ou dispersé au long des routes. Des fils de fer barbelés sont roulés en paquets ; les emplacements des tranchées sont visibles.