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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— On saura, continua Converset. Espérons que la mise au jour des archives russes obligera les autres nations à révéler les vérités qu’elles détiennent encore. Oui, il faut qu’on sache que cette guerre était attendue et préparée, et que Poincaré lui a apporté un concours, non pas aveugle ou maladroit, mais prémédité et voulu. Il faut qu’on sache que la question Bulgaro-Serbe était prévue, que la question Austro-Serbe était prévue. Et qu’elles n’étaient pas seulement prévues, mais sournoisement soulevées et envenimées. Il faut qu’on sache qu’entre les deux partenaires, le français et le russe, l’agression allemande était reconnue comme une nécessité pour faire accepter la guerre aux deux peuples. Ainsi s’explique la nécessité de fournir à l’Allemagne des motifs d’agression.

— Colonel, permettez, ces suppositions sont un peu téméraires.

— Téméraires ! Je suis fâché de vous contredire, Général, mais voici ce que dit, à ce sujet, le même message de Sazonof au Tsar :

« M. Poincaré considéra comme son devoir de souligner sur ce point que l’opinion publique en France ne permettrait pas au gouvernement de la République de se décider à une action militaire pour des questions purement balkaniques, si l’Allemagne n’y prenait point part, et si elle ne provoquait pas, de sa propre initiative, l’application du Casus foederis. Dans ce dernier cas nous pourrions certainement compter sur la France pour l’accomplissement exact et entier de ses obligations envers nous.

« De mon côté, je déclarai au ministre français que, tout en étant toujours prêts à nous ranger au côté de la France dans le cas des circonstances prévues par notre alliance, nous ne pourrions non plus justifier devant l’opinion publique russe le fait de prendre une part active dans les opérations militaires provoquées par les