Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
LA NOUVELLE ÉQUIPE

Henriette se pencha vers le général, lui mit un baiser sur le front.

— Merci, grand-père, dit-elle tout bas.

Cette caresse acheva de calmer le père de Jeanne. Tous à présent se taisaient. Les paroles de l’aveugle avaient trouvé un écho dans les cœurs.

Le colonel voulut ramener la conversation sur un terrain moins absolu.

— Remarquez, Général, dit-il, que si nous cherchons le moyen de délivrer l’humanité du fléau de la guerre, nous ne sommes pas partisans de l’asservissement des peuples. Nous voulons que la liberté et l’indépendance soient assurées à tous les groupes humains, quelle que soit leur importance.

— Il y aura toujours des conflits. Les peuples sont comme les états-majors, ils ne sont ni parfaits ni infaillibles.

— Bien sûr. Mais il pourrait y avoir des moyens moins brutaux que la guerre pour résoudre ces conflits. Si l’armée n’était plus là, il faudrait trouver autre chose, et on trouverait c’est certain.

— Oui, l’arbitrage !

— Hé, sans doute, l’arbitrage. Et puis, une politique extérieure sans mystère, ni traités particuliers. Plus de diplomatie secrète. Que les peuples puissent juger librement leurs gouvernements.

— C’est un beau rêve, Colonel.

— C’est un rêve, en tous cas, dont nous voulons essayer de faire une réalité.

Maurice se tourna vers le Colonel.

— Et à ce propos, cher ami, où en êtes-vous dans votre travail ?

— J’ai terminé. Je vous apportais précisément le manuscrit de l’ouvrage.

— Comptez-vous l’éditer bientôt ?