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LA NOUVELLE ÉQUIPE

sible. Ce sont des hommes, après tout, ils peuvent aussi bien que d’autres avoir leurs faiblesses et se tromper.

— Pardon, intervint sévèrement Maurice, des officiers supérieurs se doivent d’être sans faiblesses. Ils se doivent de se dominer. Ils n’ont pas le droit de se tromper. C’est tout un peuple qu’ils entraînent derrière eux à la mort et à la ruine.

— Je vous l’accorde, mon gendre. Si je défends l’armée, croyez que je n’absous pas ces officiers indignes de la mission supérieure qui leur est confiée. Mais ce n’est pas une raison pour dévoiler publiquement ces fautes et ces erreurs, comme le fait Percin. Il faut que le peuple conserve à l’armée toute sa confiance. Il ne doit pas la juger.

— Vous oubliez, fit Converset, que ce sont les peuples qui font la guerre, et que, partant de cela, ils sont en droit de connaître et de juger ceux qui la leur font faire.

Julien Lenormand, à son tour, parla :

— Et puisqu’il est entendu que les officiers et les états-majors sont susceptibles de se tromper et d’entraîner les peuples dans l’horreur, puisque nous voulons bien admettre qu’il n’y a pas de chefs infaillibles, il ne peut plus être question de faire confiance à l’armée. Il faut qu’elle disparaisse.

Le général eut un rire nerveux.

— Et par quoi la remplacerez-vous, s’il vous plaît ?

— Par rien du tout. Ce sera le plus sûr moyen d’avoir la paix.

— Voilà au moins du radicalisme. Mais la défense nationale, comment l’assurerez-vous ?

L’aveugle s’échauffait :

— La défense nationale, Monsieur, voulez-vous me dire ce que c’est ? Je suis parti, moi, pour la défense nationale. J’avais alors deux yeux, deux yeux qui me