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LA NOUVELLE ÉQUIPE

dernier discours du général Percin. Il nous serait agréable, cher ami, de savoir ce que vous en pensez.

Le colonel Converset était un admirateur de Percin. Une fois de plus il tint à l’affirmer, en déclarant qu’il partageait ses idées. Cependant, pour ne pas aggraver une situation délicate, il restait très modéré dans ses appréciations.

— N’importe, dit Maurice, vous approuvez son attitude générale ?

— Certes, oui. Que voulez-vous, le problème de la paix et de la guerre a cela d’excellent qu’il est absolu. Il ne peut pas y avoir de demi-mesures. La paix, c’est toute la paix ; la guerre, c’est toute la guerre. Il faut se prononcer. Percin en est arrivé aux conclusions radicales. Il veut toute la paix, il lui faut donc condamner toute la guerre.

— Mais il discrédite l’armée, intervint le beau-père de Maurice.

— Il n’a pas à la discréditer. Il en souligne les tares ; il montre les fautes et les faiblesses des états-majors ; il dévoile les questions d’intérêt particulier qu’on masque sous les beaux discours patriotiques ; il ne dit que des vérités puisque ses adversaires doivent se contenter de le maudire, sans pouvoir l’accuser de mensonge. Si l’armée se trouve discréditée par ses arguments, le discrédit s’établit de lui-même. Il suffit pour chacun de réfléchir.

Le général Delmas n’entendait pas être battu sur des questions qui étaient à ses yeux d’une importance capitale.

— On ne doit pas toucher à l’armée. Elle est la force d’un pays. C’est elle qui affirme, dans le monde, sa valeur et son indépendance. Que des officiers aient été incapables, qu’ils se soient laissé aller à des sentiments de jalousie ou d’intérêt, qu’ils n’aient pas su dominer leurs passions, leur orgueil, tout cela est pos-