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LA NOUVELLE ÉQUIPE

en eux le Dieu de leur foi, et qui ne sont jamais seuls étant sans cesse avec lui.

Émile, maintenant, marchait à travers la pièce. Il revint s’asseoir sur la petite chaise, près de la jeune fille.

— Il faut à présent que je vous dise la détermination que j’ai prise. Je sens d’avance que vous la comprendrez.

— Je comprends déjà les mobiles qui vous l’ont fait prendre. Et je sens qu’elle ne peut que vous honorer.

— Je n’ambitionne point d’honneurs. Je veux servir cette vérité que j’ai découverte. Je veux être un témoignage vivant de la loi d’amour. Je veux aller vers les hommes malheureux et les servir humblement, dans leur malheur, pour apaiser en eux les colères et les désirs de vengeance.

— Mais comment ?

— En m’associant à leur peine, à leur misère, en partageant leur dure et pénible vie. Ils comprendront peut-être ainsi ce que peut l’amour, puisqu’aucune autre raison que l’amour ne m’aura poussée vers eux.

La jeune fille avait pris une attitude interrogative.

— Mademoiselle Henriette je partirai après-demain pour les régions dévastées.

— Vous, Monsieur Émile, tout seul ! mais, que pourrez-vous faire ?

— Ce que j’aurais fait avec l’équipe des Volontaires. Ce que René Soreau n’a pas cru devoir essayer avec quatre bonnes volontés, je vais le tenter tout seul.

Henriette était à la fois émerveillée et effrayée. Lui, sans paraître nullement troublé, continuait à exposer son plan. Il s’arrêterait dans l’un de ces pauvres villages en ruines, il offrirait son travail et son aide. Et lorsqu’il ne serait plus utile là, il irait plus loin. Sur son chemin, il parlerait de fraternité, de concorde, de pardon. Il savait bien que ce ne serait qu’un exemple, un pauvre