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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Ah, je crois que leur amour me prolonge plus encore que tous les soins…

Depuis son retour à Paris, Henriette avait reçu deux ou trois lettres d’Émile Pagnanon, lettres auxquelles elle avait répondu. C’était un échange de pensées, auquel s’ajoutaient de part et d’autres quelques nouvelles sur les occupations reprises.

Au début de décembre, après un assez long silence du jeune homme, une nouvelle lettre vint bouleverser la jeune fille, qui en donna sur le champ connaissance aux siens.

Voici ce que disait cette lettre :


« Chère Mademoiselle Henriette,

« Ma lettre d’aujourd’hui va bien vous surprendre. Imaginez-vous que je viens de donner ma démission et qu’elle est acceptée. J’entends d’ici votre exclamation, et je comprends que vous soyez impatiente de connaître cette histoire. La voici, vous jugerez vous-même comment les événements m’ont emporté.

« Au début de novembre, nous avions une conférence pédagogique. Je me rendis à Grenoble pour y assister. Elle avait pour sujet l’Instruction Civique des enfants. L’inspecteur nous fit un cours de patriotisme, et, j’ose dire, de militarisme. Il dit que nous devions préparer nos écoliers à leur devoir de français, qui consiste uniquement sans doute, selon lui, à être soldat et à bien manier un fusil, car il ne nous parla guère d’autre chose. L’école doit préparer les vertus héroïques. Pour cela, nous devons exalter nos héros nationaux, les grands capitaines, les volontaires de l’an II, et l’infatigable ardeur de nos braves poilus de la grande guerre. Il nous conseilla la préparation militaire scolaire par des marches, de l’exercice. Enfin, il nous avoua qu’il n’était pas adversaire des jeux guerriers, qui préparent les enfants à ne pas redouter les coups et à ne pas craindre