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LA NOUVELLE ÉQUIPE

Spontanément, Jean serra la main de son ami.

— Vois-tu Pierre, il ne faut plus que ces choses puissent se renouveler jamais.

Pierre répondit à l’étreinte :

— C’est nous que cela regarde, Jean ; et tu sais bien que pour ma part, je suis décidé à me consacrer à cette tâche.

Les deux jeunes gens se regardèrent. Ils n’ajoutèrent pas un mot aux phrases prononcées ; mais ils sentaient qu’ils venaient de s’engager l’un envers l’autre, et que quelque chose de plus fort que leur amitié les unissait désormais.


III


Lorsqu’ils rentrèrent de promenade, les jeunes gens trouvèrent près de Maurice, dans le jardin, un nouveau visiteur.

— Le colonel Converset, dit tout bas Pierre à Jean Tissier.

— Le Colonel pacifiste ?

— Justement, viens, je vais te présenter. Sa conversation t’intéressera certainement.

Maurice Bournef avait connu le colonel Converset en 1914, au mois d’octobre, après la Marne. Ils avaient été compagnons de combat jusqu’au jour où Maurice avait été blessé. Ils s’étaient rapidement liés, la guerre ayant déterminé chez eux les mêmes pensées, la même révolte. Fait prisonnier en juillet 1915, le colonel Converset avait, par un singulier hasard, retrouvé Maurice en Allemagne quand celui-ci, prisonnier à son tour, après un séjour à l’hôpital avait été envoyé dans un camp de convalescence où le Colonel, malade lui-même, était hospitalisé. Le lien intellectuel s’était renoué entre eux, rendu plus vif et plus amical par l’infortune