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LA NOUVELLE ÉQUIPE

— Mais voyons, tu vas faire croire que je suis une artiste.

— Tu es musicienne, c’est mieux.

— Mademoiselle Hélène, ne vous faites pas prier, puisque vous avez dit que nous sommes à présent des amis.

— J’obéis, dit-elle. C’est peut-être la meilleure façon de vous punir.

Elle quitta la pièce, revint bientôt avec son violon et de la musique. Simplement, car toute sa personne était simple et ses manières l’étaient également, elle commença une berceuse de Schubert, puis joua une romance de Schumann.

Son frère avait dit vrai, elle était musicienne. Trop jeune encore pour avoir le brio d’une artiste, elle avait un jeu naturel, très personnel déjà, où son goût et sa sensibilité se manifestaient.

Pierre la considérait, surpris par la fraîcheur de sentiment qui se révélait chez elle. Depuis qu’il était entré dans cette famille, il lui semblait avoir découvert une foule de choses qu’il ignorait auparavant.

Et, comme la jeune fille posait son violon sur une table.

— Mademoiselle Hélène, demanda-t-il, vous serait-il agréable de connaître ma sœur Henriette ?

— Mais je crois que oui, Monsieur Pierre ; elle est mon aînée, n’est-ce pas ?

— Elle aura vingt ans à la fin de mai.

— Je serai une petite fille auprès d’elle. Mais je ne demande pas mieux que de la connaître.

— Eh bien, je prierai ma mère de vous inviter, vous et Jean, à venir passer un dimanche chez nous. Voici le printemps, et Ville-d’Avray c’est presque la campagne. Nous ratifierons avec ma sœur notre pacte d’amitié.

La jeune fille eut un sourire de joie.