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LA NOUVELLE ÉQUIPE

avaient résolu de se libérer du patronat, et, quelques années avant la guerre, ils avaient loué un petit atelier, l’avaient aménagé, et avaient commencé, pour leur compte, une entreprise de serrurerie et d’électricité.

Les débuts avaient été difficiles ; d’autant plus difficiles que tous deux étaient mariés, avaient des enfants. Mais, courageux, actifs, ils avaient vaincu les difficultés du début, et leur petite entreprise commençait à leur donner d’heureux résultats quand la guerre survint. Il fallut alors fermer l’atelier, partir, comme les autres.

Mais la guerre leur réservait des destins différents. En 1915, Charles, blessé en Champagne, était fait prisonnier. Son aîné, Gaston, également blessé vers la même époque, avait été, lui, envoyé dans un hôpital du Centre.

La convalescence venue, Gaston réfléchit. Il ne tenait pas du tout à reprendre l’épouvantable vie du front. Il pensa alors au petit atelier, fermé depuis dix-huit mois, et qui pouvait devenir, pour lui, la planche de salut.

C’était le moment où l’on produisait sans relâche. Des munitions !… des munitions !… Tel était le refrain de l’heure. La métallurgie devenait la reine de l’arrière, comme l’armée était la souveraine du front. Les ouvriers métallurgistes, surtout ceux de la réserve, étaient renvoyés aux usines. Les femmes elles-mêmes étaient embauchées aux étaux et aux tours. Toute l’activité du moment était aux enclumes et aux hauts fourneaux, quand elle n’était pas à la destruction et au carnage.

Gaston Tissier, convalescent, écrivit au Ministre, lui parla de son atelier fermé, lequel disait-il, pourrait apporter sa contribution à la défense nationale. Il fut éloquent, débordant de patriotisme, le patriotisme