Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Deuxième Partie

UN PRÉCURSEUR


I


Cet après-midi de dimanche, on attendait Pierre Bournef, dans le modeste appartement occupé par la famille de Jean Tissier, condisciple de Pierre au Lycée Louis-le-Grand. L’amitié qui unissait les deux jeunes gens datait de plusieurs années déjà. Ils s’étaient liés alors qu’ils étaient en classe de seconde, tous deux préparant le même baccalauréat. Tous les deux, en cette année 1923, se destinaient à concourir pour l’École Normale Supérieure, dont ils pensaient affronter les examens l’année suivante. Jean Tissier se destinait à la philosophie ; Pierre Bournef, lui, préparait l’histoire, qu’il avait choisie autant par culte filial que par goût personnel.

Maurice Bournef était revenu de la guerre gravement atteint. Blessé, gazé, il avait été fait prisonnier presque mourant. Lorsqu’il était rentré en France, en décembre 1918, il avait un poumon perdu et l’autre malade. Malgré les soins éclairés des meilleurs médecins, malgré le dévouement incessant de Jeanne, son état s’était aggravé d’année en année et au moment