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LA NOUVELLE ÉQUIPE

cher au cadre familier de sa vie. Mais elle avait obstinément refusé de quitter leur petit appartement.

— Je la comprends, dit Jeanne, écoutant le récit que faisait Léon des événements survenus depuis leur séparation.

— Louise est donc restée près d’elle, continua-t-il, car elle ne peut rester seule dans l’état où elle est. Il est entendu que nous irons lui faire nos adieux demain matin.

— Tu pars aussi demain, Léon, demanda Maurice.

— Voyons, la question ne se pose pas. Avons-nous jamais séparé nos destinées ?

L’après-midi passa en préparatifs. Vers le soir on annonça à Maurice la visite d’un de ses anciens élèves, Alexandre Didier, qui venait d’être reçu au concours de l’École Normale. Sa famille avait toujours entretenu des relations cordiales avec les Bournef.

— Je viens vous faire mes adieux, annonça le jeune homme. Je vais partir.

— Vous allez partir, Didier, s’exclama Maurice ; mais vous n’avez pas été soldat. Quel âge avez-vous ?

— Dix-neuf ans et demi, Monsieur Bournef, je ne suis pas soldat encore, mais je m’engage.

— Vous vous engagez ?

— Oui. En apprenant hier l’annonce de la déclaration de guerre par l’Allemagne, j’ai pris cette résolution. J’en ai fait part à mon père, qui l’a immédiatement approuvée, et dans l’après-midi même je remplissais les formalités. J’ai voulu venir vous faire mes adieux de suite, redoutant de ne plus vous trouver si je différais.

Maurice ne répondant pas, ce fut Jeanne qui parla :

— Et votre mère, Monsieur Didier, est-ce qu’elle approuve aussi votre résolution ?

Le jeune homme se tourna vers elle.

— Ma mère ? mais certainement, Madame Bournef,