Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
LA NOUVELLE ÉQUIPE

Charles Laurent se tut. Léon Bournef s’adressa aux deux Allemands.

— Et maintenant, qu’allez-vous faire, demanda-t-il ?

— Que voulez-vous que nous fassions ? Rentrer en Allemagne, c’est consentir à nous battre contre un pays que nous aimons. Prendre les armes pour la France, c’est consentir à nous battre contre notre pays. Les deux solutions nous répugnent. Nous avons décidé de nous remettre aux mains des autorités françaises. Elles feront de nous ce qu’elles voudront.

Tous maintenant étaient émus, conquis par cet héroïsme simple et ce désintéressement personnel.

Comprenant qu’ils n’avaient plus rien à dire, les deux Allemands se disposèrent à partir, et tendirent la main. La première, Jeanne répondit à l’appel fraternel. Sa main, nerveusement, serra les deux mains tendues.

— Ah ! dit-elle, pourquoi les peuples de nos deux pays n’ont-ils pas su faire ce geste avant qu’il ait été trop tard.

Les deux Allemands partis, tous éprouvèrent le besoin de partir aussi. On se sépara gravement. Beaucoup de ceux qui étaient là devaient avoir rejoint leurs corps avant la fin de la semaine.

— Mes amis, dit le vieux mathématicien, je suis, moi, de ceux qui ne partent pas. Mais, vous le savez bien, ma pensée ne vous quittera pas un seul jour.

Quand les deux frères se retrouvèrent seuls avec leurs femmes, devant le square du Temple, Maurice dit à Léon.

— Jeanne désire rentrer, et j’avoue que je partage son désir. Tout à l’heure, notre vieux maître Laurent m’a profondément remué. Il doit avoir raison, bien qu’il ait négligé un certain nombre de données dans le problème. Mais il est trop évident, hélas ! qu’il nous a