Page:Verne - Voyages et aventures du capitaine Hatteras.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

immédiatement ; on risquait de se heurter à des masses de glace d’eau douce, remarquables par la transparence de leur cristal, et qui ont la dureté du roc. Richard Shandon ne manqua pas de compléter sa provision d’eau en embarquant chaque jour plusieurs tonnes de cette glace.

Le docteur ne pouvait s’habituer aux illusions d’optique que la réfraction produisait dans ces parages ; en effet, tel ice-berg lui apparaissait comme une petite masse blanche fort rapprochée, qui se trouvait à dix ou douze milles du brick ; il tâchait d’accoutumer ses regards à ce singulier phénomène, afin de pouvoir rapidement corriger plus tard l’erreur de ses yeux.

Enfin, soit par le halage du navire le long des champs de glace, soit par l’écartement des blocs les plus menaçants à l’aide de longues perches, l’équipage fut bientôt rompu de fatigue, et cependant, le vendredi 27 avril, le Forward était encore retenu sur la limite infranchissable du cercle polaire.


CHAPITRE VIII. — PROPOS DE L’ÉQUIPAGE.

Cependant le Forward parvint, en se glissant adroitement dans les passes, à gagner quelques minutes au nord ; mais, au lieu d’éviter l’ennemi, il faudrait bientôt l’attaquer ; les ice-fields de plusieurs milles d’étendue se rapprochaient, et, comme ces masses en mouvement représentent souvent une pression de plus de dix millions de tonnes, on devait se garer avec soin de leurs étreintes. Des