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LE DÉSERT DE GLACE

Arrivé au sommet, il porta sa lunette à ses yeux. Quelle fut sa surprise de ne rien apercevoir, non pas au loin dans les plaines, mais à quelques pas de lui ! Cela lui parut fort singulier ; il examina de nouveau, et enfin il regarda sa lunette… L’objectif manquait.

« L’objectif ! » s’écria-t-il.

On comprend la révélation subite qui se faisait dans son esprit ; il poussa un cri assez fort pour que ses compagnons l’entendissent, et leur anxiété fut grande en le voyant descendre la colline à toutes jambes.

« Bon ! qu’y a-t-il encore ? » demanda Johnson.

Le docteur, essoufflé, ne pouvait prononcer une parole ; enfin, il fit entendre ces mots :

« Les traces… les pas… le détachement !…

— Eh bien, quoi ? fit Hatteras… des étrangers ici ?

— Non !… non !… reprenait le docteur… l’objectif… mon objectif… à moi… »

Et il montrait son instrument incomplet.

« Ah ! s’écria l’Américain… vous avez perdu ?…

— Oui !

— Mais alors, ces traces…

— Les nôtres, mes amis, les nôtres ! s’écria le docteur. Nous nous sommes égarés dans le brouillard ! Nous avons tourné en cercle, et nous sommes retombés sur nos pas !

— Mais cette empreinte de souliers ? dit Hatteras.