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un drame en livonie.

nau. Peut-être cela n’eût-il été que sage afin d’éviter de plus graves accidents en restant dans la voiture.

Quant à leur compagnon, il ne semblait pas qu’il fût décidé à la quitter. Un flegmatique Anglais n’eût pas montré plus d’indifférence à ce qui se passait. Ce n’était pas pour voyager en piéton qu’il avait payé sa place dans cette malle-poste, et cette malle-poste avait l’obligation de le véhiculer jusqu’à destination.

Soudain, à six heures et demie du soir, au plus fort de la bourrasque, un terrible choc se produisit. Une roue de l’avant-train s’était enfoncée dans une ornière et, sous l’effort de l’attelage enveloppé d’un vigoureux coup de fouet, elle se rompit.

La malle, s’inclinant brusquement et perdant l’équilibre, versa sur le flanc gauche.

Il y eut des cris de douleur. Poch, une contusion à la jambe, n’eut qu’une pensée pour son précieux portefeuille retenu par la chaînette. Le portefeuille ne l’avait point quitté, et il le serra plus étroitement sous son bras, lorsqu’il fut parvenu à sortir de la voiture.

Broks et le voyageur n’avaient reçu que d’insignifiantes contusions, et le postillon, s’étant dégagé, avait sauté à la tête de ses chevaux.

L’endroit était désert, — une plaine avec un massif d’arbres sur la gauche.

« Qu’allons-nous devenir ?… s’écria Poch.

— La voiture est hors d’état de se remettre en route », répondit Broks.

Pas un mot ne sortit de la bouche de l’inconnu.

« Peux-tu aller à pied à Pernau ?… demanda Broks au garçon de banque.

— Une quinzaine de verstes ?… s’écria celui-ci, avec ma contusion !

— Eh bien… à cheval ?…