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en malle-poste.

Aussi, très loquace par nature, se vit-il réduit à causer avec Broks, assis près du iemschick sur le siège, abrité sous une capote de cuir. Mais, en abaissant la glace qui fermait le devant de la malle, il était facile de converser. Or, comme le conducteur était aussi bavard, à tout le moins, que le garçon de banque, les langues ne chômèrent pas.

« Et tu assures, Broks, — c’était bien la quatrième fois qu’il lui adressait cette question depuis le départ, — tu assures que nous serons demain soir à Revel ?…

— Oui, Poch, si le mauvais temps ne nous retarde pas, et surtout s’il ne nous empêche pas de rouler pendant la nuit.

— Et, une fois arrivée à Revel, la malle en repartira vingt-quatre heures après ?

— Vingt-quatre heures, répondit Broks. Le service est établi de cette façon.

— Et c’est toi qui me ramèneras à Riga ?…

— Moi-même, Poch.

— Par saint Michel, je voudrais déjà être de retour… avec toi, s’entend !

— Avec moi, Poch ?… Merci de ton amabilité !… Mais pourquoi tant de hâte ?…

— Parce que j’ai une invitation à te faire, Broks.

À moi ?

À toi, et une invitation qui ne te déplaira pas, si tu aimes à bien manger et à bien boire en bonne compagnie.

— Eh ! fit Broks, qui passait sa langue sur ses lèvres, il faudrait être ennemi de soi-même pour ne pas aimer cela !… Il s’agit d’un repas ?…

— Mieux qu’un repas ! Un vrai festin de noce.

— De noce ?… s’écria le conducteur. Et pourquoi serais-je invité à un repas de noce !…

— Parce que le marié te connaît personnellement.