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un drame en livonie.

contenait quinze mille roubles en billets d’État, coupures équivalant à cent francs de la monnaie française, soit une liasse de quatre cents billets, soigneusement enfermés dans son portefeuille. Après avoir remis cette somme au correspondant de Revel, il devait revenir à Riga.

Ce n’était pas sans motif qu’il avait hâte d’être de retour. Quel était ce motif ?… Sa conversation avec Broks le fera connaître.

L’iemschick enlevait rapidement son attelage, les bras écartés, tenant les guides à la mode russe. Après avoir remonté le faubourg nord de la ville, il se lança sur la grande route à travers la campagne. Aux approches de Riga, les champs cultivés sont nombreux et les travaux de labour allaient bientôt commencer. Mais, à dix ou douze verstes de là, le regard se perdait sur l’interminable steppe dont l’uniformité n’est rompue à défaut d’accidents de terrain, rares à la surface des provinces Baltiques, que par le massif des forêts d’arbres verts.

Ainsi que l’avait fait observer Broks, l’apparence du ciel n’était pas rassurante. L’air se déplaçait en violentes rafales, et la bourrasque s’accentuait à mesure que le soleil s’élevait au-dessus de l’horizon. Heureusement le vent soufflait du sud-ouest.

De vingt verstes en vingt verstes à peu près, un relais de poste permettait de changer à la fois les chevaux et le postillon qui les avait conduits.

Ce service, convenablement organisé, assurait aux voyageurs un transport régulier, assez rapide en somme.

Dès le départ, à son vif déplaisir, Poch comprit qu’il ne pourrait point entrer en conversation suivie avec son compagnon de route.

Celui-ci, blotti dans un coin, la tête encapuchonnée, ne laissant rien voir de son visage, dormait ou feignait de dormir. Le garçon de banque en fut donc pour quelques vaines tentatives de dialogue.