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confession.

titua les billets du garçon de banque, et il sortit de la chambre sans avoir été vu. Puis, au pied d’un arbre de la sapinière, il cacha cet argent et aussi le couteau qui avait frappé Poch, et si bien qu’ils échappèrent à toutes les recherches de la police.

À quatre heures du matin, Dimitri Nicolef, prenant congé de l’aubergiste, quitta la Croix-Rompue pour se rendre à Pernau, où l’attendait Wladimir Yanof. On comprend maintenant par suite de quelles habiles machinations les soupçons allaient se porter sur lui et se changer bientôt en certitudes.

Kroff, possesseur des billets de Dimitri Nicolef, lequel ne s’aperçut pas et ne pouvait s’apercevoir de la substitution, était en mesure de s’en servir sans aucun danger. Il ne le fit cependant qu’avec une extrême prudence, et seulement pour ses besoins immédiats.

Au cours de l’instruction de l’affaire, confiée à M. Kerstorf, Dimitri Nicolef fut reconnu par le brigadier Eck pour le voyageur sur lequel devaient se porter les soupçons. Le professeur, tout en niant être l’auteur du crime, refusa de faire connaître le motif de son voyage, et, sans doute, il eût été mis en arrestation, si l’arrivée de Wladimir Yanof n’eût pas répondu pour lui.

À voir les présomptions s’éloigner de Nicolef, Kroff commença à prendre peur, comprenant qu’elles allaient se retourner sur lui. Bien qu’il fût toujours sous la surveillance des agents à l’auberge, il imagina une nouvelle machination qui, dans sa pensée, devait ramener les soupçons sur le voyageur, convaincu d’être l’auteur du crime. Après avoir brûlé un des billets qu’il tacha de sang, et dont il avait conservé l’angle, il put, pendant la nuit, se hisser sur le chaume de l’auberge, et jeter ce fragment de billet dans l’âtre de la cheminée de la chambre qu’avait occupée Nicolef, où il fut retrouvé le lendemain.

À la suite de cette perquisition, on le sait, Dimitri Nicolef fut interrogé de nouveau, mais on sait aussi que M. Kerstorf, qui,