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sur une tombe.

— Auquel je ne puis vous faire qu’une réponse, Wladimir… Oui… Nicolef possédait ce couteau, et comment en douter, puisqu’il s’en est servi à deux reprises, contre Poch et contre lui-même !… »

Wladimir Yanof courbait la tête devant l’évidence, ne sachant quoi répondre…

Le docteur Hamine dit alors :

« Et maintenant, ses malheureux enfants, que vont-ils devenir… Jean… Ilka ?…

— Jean ne sera-t-il pas mon frère quand Ilka sera ma femme ? »

Le docteur saisit la main de Wladimir et la pressa vivement.

« Avez-vous donc pu croire, docteur, ajouta Wladimir, que je renoncerais à épouser Ilka, que j’aime, qui m’aime… son père fût-il coupable ?… »

Et, s’il s’obstinait à ce doute, c’était bien dans son amour seul qu’il trouvait la force de douter, après ce qu’avait dit le docteur Hamine.

« Non, Wladimir, répondit celui-ci, je n’ai jamais cru que vous vous refuseriez à épouser Ilka… L’infortunée est-elle responsable ?…

— Elle ne l’est pas !… s’écria Wladimir. À mes yeux, c’est la plus sainte, la plus noble des créatures, la plus digne de l’amour d’un honnête homme !… Notre mariage est reculé, mais il se fera… Puis, s’il faut quitter cette ville, nous la quitterons…

— Wladimir, je reconnais là votre grand cœur… Vous voulez épouser Ilka, mais Ilka voudra-t-elle ?…

— Si elle refusait, c’est qu’elle ne m’aimerait pas…

— Si elle refusait, Wladimir, ne serait-ce pas parce qu’elle vous aime et d’un amour dont elle ne veut pas que vous puissiez jamais rougir ! »

Cette conversation ne modifia en aucune façon les sentiments